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Syndrome de l’intestin irritable : mythes et réalités

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Que connais-tu du syndrome de l’intestin irritable ? Est-ce que tout est clair pour toi : ce que c’est, ce que ça n’est pas, ce qui le déclenche, comment le prendre en charge ?
Si c’est encore un peu le flou artistique, déjà dis-toi que tu es loin d’être le ou la seul.e… Le syndrome de l’intestin irritable, même pour beaucoup de professionnels de santé, c’est un vaste bazar 😅
Alors dans cet article, je vais te détailler quelques mythes qui existent autour du syndrome de l’intestin irritable pour te permettre d’y voir plus clair.

Syndrome de l’intestin irritable :

mythes et réalités

Le colon irritable ne rentre pas dans la catégorie des MICI : maladie inflammatoire chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, RCH, etc.), dans lesquelles la muqueuse intestinale est altérée et un traitement médicamenteux parfois lourd est nécessaire. Dans le cas du côlon irritable, les examens ne révèlent en général rien, la muqueuse n’est pas abimée. Il est donc difficile de poser un diagnostic sur le côlon irritable, car il regroupe beaucoup d’entités.

Il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord : c’est l’hypersensibilité viscérale.

Qu’est-ce que l’hypersensibilité viscérale ?

L’hypersensibilité viscérale est lorsque qu’il y a activation de récepteurs sérotoninergiques (des récepteurs déclenchés par la sérotonine), qui sont normalement silencieux, mais qui, lorsqu’ils sont activés, sont responsables d’une plus grande sensibilité à la douleur et à la distension.

On ressens donc beaucoup plus les mouvements de notre intestin, lorsqu’il se contracte, lorsqu’il gonfle car il y a présence de gaz…

Le SII peut être abordé sous 3 axes différents, qui peuvent déclencher ou amplifier un syndrome de l’intestin irritable. Ces 3 axes sont parfois interconnectés, c’est à dire que l’un peut être lié à l’autre. Vous l’aurez compris, le SII est souvent multifactoriel et son origine est parfois difficile à estimer. Mais ces 3 axes permettent d’y voir plus clair, de déterminer ce qui entre en jeu pour vous et de voir sur quel axe travailler.

Voici les 3 axes en jeu dans le SII :

  • l’aspect nerveux
  • l’aspect inflammatoire
  • une fermentation excessive

Voyons en détail chacun de ses axes.

 

SII : axe nerveux

Par axe nerveux, bien sûr je parle en majorité du stress.

En effet, le stress joue sur plusieurs aspects, notamment la qualité du mucus intestinal : cette couche protectrice de la muqueuse intestinale, qui agit comme un petit airbag et protège la muqueuse des agressions qu’elle peut subir (agression physique, chimique, etc.).

Par un effet de ricochet, le stress diminue la quantité de mucus protecteur, donc la muqueuse est plus sensible, plus vulnérable, ce qui augmente l’hypersensibilité viscérale.

Le stress va également perturber le microbiote, et provoquer une dysbiose, c’est à dire un déséquilibre du microbiote. Or la dysbiose est à la source du SII :

  • Si la dysbiose implique un manque de bactéries productrices de butyrate, un acide gras à courte chaîne très bénéfique pour le cerveau, alors on risque de souffrir de plus d’anxiété et de stress, c’est donc un cercle vicieux.
  • Si nous manquons de bactéries productrices de GABA, un neurotransmetteur qui permet de ralentir, de se détendre : nous serons également plus vulnérable au stress.
  • Enfin, si la dysbiose implique la présence d’un trop plein de bactéries pro-inflammatoires, il y aura un risque d’altération de la muqueuse, qui sera irritée par cette inflammation.

Le stress va donc jouer à la fois sur l’hypersensibilité et sur la perméabilité intestinale, via une action directe (plus de spasmes), mais aussi indirecte par perturbation du microbiote et micro-inflammation qui vont augmenter l’hypersensibilité viscérale.

Comment savoir si l’axe nerveux est en jeu pour vous ?

Une question simple : lorsque vous êtes en vacances et détendu.es, est-ce que vos symptômes disparaissent ? Et lorsque vous êtes stressé.es, vos symptômes s’amplifient ?

Alors il est fort probable que l’axe nerveux soit impliqué dans votre SII.

Donc on fait quoi ?

  • On s’attaque au stress
  • On rééquilibre le microbiote
  • On évite les irritants pour préserver la muqueuse (tanins du vin rouge, piment, graisses industrielles, etc. le temps de stabiliser les symptômes.

 

SII : axe inflammation

L’aspect inflammatoire peut entrer en jeu surtout en cas de dysbiose qui va favoriser la présence de bactéries pro-inflammatoires ou si la muqueuse est irritée notamment par une par une malabsorption des sels biliaires. Les sels biliaires sont sécrétés par le foie, ils servent à la digestion des graisses et sont ensuite réabsorbés dans l’intestin, mais en cas de perturbation du microbiote, il peut y avoir un souci de malabsorption, car le microbiote à un rôle prépondérant dans la réutilisation des sels biliaires.

Comment savoir si vous souffrez d’une inflammation intestinale ?

C’est particulièrement le cas si vous souffrez de diarrhée avec sentiment d’urgence (vous ne pouvez pas vous retenir très longtemps), si vous ne supportez pas le gras. Bien sûr, il est important de vérifier tous ces paramètres avec un professionnel de santé.

Que faire dans ce cas là ?

  • Limiter les aliments qui favorisent la sécrétion de bile : graisses frites, graisses cuites, alcool, jaune d’oeuf.
  • Travailler sur le microbiote pour le rééquilibrer.
  • Prendre des pansements pour la muqueuse, de manière temporaire, le temps de travailler sur le terrain : argile, etc.

 

SII : fermentation excessive

Cela arrive en particulier en cas d’intolérance à un aliment (souvent le lactose) ou en cas de présence également de SIBO ou SIFO (candidose), ou encore en cas hypochlorhydrie : lorsque l’estomac n’est pas suffisamment acide pour digérer correctement les aliments et que cela perturbe l’équilibre intestinale car des aliments mal digérés vont parvenir dans l’intestin et fermenter.

Il semblerait que les deux tiers des patients ayant un SII ont aussi un SIBO ou une candidose, il est donc intéressant de creuser cet aspect là.

En cas de fermentation excessive, les bactéries vont alors hyper fermenter des aliments et créé des gaz qui vont non seulement provoquer des ballonnements intenses et des douleurs, mais aussi, si elles créent des gaz pro-inflammatoires (comme l’hydrogène ou le méthane), cela va créé de l’inflammation dans l’intestin.

Cet axe là nécessite vraiment un suivi médical car il est important de déterminer quelles bactéries sont en cause, car le traitement dépendra de cela.

Encore une fois, les 3 axes sont souvent interconnectés, il est souvent nécessaire d’être accompagné.e pour y voir plus clair.

 

Les mythes autour du SII

Je vous ai demandé sur instagram les mythes que vous aviez entendu au sujet du SII et voici une petite sélection de ce qui revient souvent et de ce qu’on peut entendre sur le syndrome de l’intestin irritable.

  • Mythe 1 : le SII on naît avec.

Non on ne naît pas avec, on peut avoir de fortes prédisposition, selon le microbiote de notre maman dont on a hérité à la naissance, selon notre mode de naissance (césarienne ou voie basse), si on a eu des traitements antibiotiques, si on a eu beaucoup de stress étant bébé ou si la maman a été très stressée pendant la grossesse, etc.

Le “bagage” que nous donne notre maman durant la grossesse et à la naissance ainsi que le microbiote que l’on aura construit dans les 3 premières années de vie notamment vont impacter notre état futur, mais le SII n’est pas quelque chose qui se transmet de générations en générations, comme certaines maladies.

En règle générale, le SII survient suite à un choc émotionnel, une grosse infection intestinale ou une période de grand stress. Il peut survenir durant l’enfance ou bien plus tard dans la vie, il n’y a pas de règles…

  • Mythe 2 : on ne peut rien y faire, c’est irréversible.

C’est faux heureusement, on peut y faire quelque chose, ça n’est pas une fatalité. On peut prendre en charge les différents symptômes ainsi que les différents aspects et travailler dessus. Le seul bémol que j’apporterais est que lorsqu’on a souffert d’un SII, il est possible qu’on garde une certaine sensibilité et il faudra sûrement rester vigilant toute sa vie car c’est le signe qu’il y a eu un déséquilibre à un moment donné et que le terrain est potentiellement plus fragile.

Mais on peut largement améliorer les symptômes et vivre normalement, même avec un SII 😊

  • Mythe 3 : le SII c’est uniquement dans la tête.

C’est faux évidemment ! On a vu dans cet article qu’il peut y avoir un fort aspect nerveux, mais ça ne veut pas dire que c’est dans la tête. On parle ici d’une hypersensibilité viscérale, ça n’est pas de l’imagination, de la simulation ou autre.

Il est certes vrai qu’en général, le SII arrive surtout sur des profils anxieux, et l’anxiété augmente les symptômes, donc les gens font souvent un raccourci et disent que c’est dans la tête. Mais le SII n’est pas le fruit de l’imagination ou de faux symptômes créés par la personne, c’est bien lié à quelque chose de physique.

  • Mythe 4 : La solution c’est d’enlever certains aliments et c’est tout.

Qu’on pense aux fodmap, aux féculents, au gluten ou aux produits laitiers, le fait d’enlever les aliments pourra réduire les symptômes oui, mais ça ne résoudra pas le problème. Il faut se pencher sur chaque aspect du SII pour pouvoir vraiment résoudre le problème.

Je l’ai souvent répété, l’alimentation sans fodmap par exemple est une bonne solution pour diminuer voire éliminer les symptômes, mais pour réellement stabiliser un SII, il faut un accompagnement et un travail sur l’intestin, le stress, le microbiote, etc.

  • Mythe 5 : Il suffit de prendre des probiotiques pour aller mieux.

Je dirais oui et non… Les probiotiques, s’ils sont bien choisis, pourront aider, mais ils suffiront rarement à eux seuls. Ils peuvent même parfois rendre les choses pire, s’ils sont mal choisis ou si on a un SIBO en plus. Donc je déconseille fortement d’aller prendre le premier probiotique venu en se disant que ça va résoudre tous nos soucis. Un bon probiotique doit être bien choisi, bien dosé. De plus, il faut voir si le microbiote a besoin, avant de prendre un probiotique, d’être assaini, si de mauvaises bactéries sont présentes en trop grande quantité, etc.

Enfin, un probiotique ne doit jamais remplacer une alimentation équilibrée, il doit venir en complément. Aucun probiotique ne pourra compenser une alimentation à base de junkfood 😁

J’espère que le syndrome de l’intestin irritable a moins de secret pour toi et que tu comprends un peu mieux les enjeux derrière cette pathologie.

Tu peux retrouver plus de contenu sur la digestion et la santé au naturel dans le podcast, un nouvel épisode est publié chaque semaine !

Prends soin de toi 😊

Commentaires (4)

Bonjour Anne Sophie
Je suis actuellement en 2eme semaine de régime sans Fodmap , celui ci fonctionne et je voudrais commencer la réintroduction des aliments après la 3eme semaine si les résultats restent bons.
Avez vous un programme de réintroduction à proposer en commande car j’ai vu que le régime Happy Belly n’est plus disponible depuis le 5 janvier
Merci de votre aide
Karen

Bonjour Karen,
Merci pour ton message 🙂
N’hésite pas à m’envoyer un email à bonjour@annesophiepasquet.fr et je t’aiderais avec plaisir !

Bonjour Anne Sophie j aimerais savoir comment refaire notre microbiote avec quel produit je doit le faire moi je gère très mal le stress merci pour tout t est conseil

Bonjour Chantal,
Il faut d’abord savoir comment est le microbiote, à quel point il est déséquilibré, etc. 🙂 Parfois un probiotique suffit, parfois il faut un travail plus global. Je vous conseille de vous faire accompagner pour tout cela si vous avez des soucis impactants votre quotidien. Sinon, si vous cherchez juste un mieux-être, vous pouvez demander en pharmacie par exemple.

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